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Travailler dans un cabinet à taille humaine : quels sont les avantages ?

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Parlons petit cabinet 

Quels sont les avantages à devenir collaborateur en petit cabinet ?

Les supposés bienfaits d’une expérience professionnelle en « Big Four » dans la carrière d’un collaborateur sont régulièrement mis en avant. Certains de ces atouts sont réels, d’autres sont les fruits d’une communication savamment orchestrée par ces cabinets qui suscitent bon nombre de désillusions chez des collaborateurs abandonnant la profession. A l’inverse, on entend peu parler des autres cabinets, par opposition de taille les « petits », qui par leur silence laissent peser sur leur image les pires caricatures du métier d’expert-comptable.

Il était donc temps de prendre la parole pour parler de ces cabinets et expliquer quels avantages il y a à les intégrer comme collaborateur. Dans cette tribune, nous écartons les précautions d’usage et parlons directement de « petit » cabinet tout en nous dispensant des terminologies pudiques de cabinet « à taille humaine » ou « de proximité ». Le qualificatif « petit » n’est pas un jugement de valeur mais une mesure comparative de taille. Beaucoup de confrères savent que leur cabinet est petit (de taille), tout en le considérant comme le plus grand (en valeur).

 

L’univers des petits cabinets est insondable

Aucun critère officiel n’existe pour différencier le petit cabinet du grand. De manière assez désespérante, l’Ordre des experts-comptables lui-même ne dispose pas d’informations précises sur le nombre de cabinets en France. Le suivi du tableau de l’Ordre donne le nombre de sociétés d’expertise-comptable et de personnes physiques inscrites, mais dans la mesure où un même cabinet peut être découpé en plusieurs sociétés inscrites, voire non inscrites, ces données ne permettent pas de construire une cartographie fine des cabinets comptables en France.

Dans la dernière version de son écographie de la profession comptable, l’institut B-Ready a réalisé un échantillonnage des cabinets par taille et a indiqué avoir identifié une rupture dans la densité de la population à dix millions d’euros de chiffre d’affaires. Ainsi, il paraît possible de considérer que la notion de « petit cabinet » recouvre par un spectre de chiffre d’affaires allant de quelques dizaines de milliers d’euros à dix millions d’euros, soit, par équivalence, moins d’une grosse centaine de salariés.

En comparaison aux milliers de collaborateurs employés par un Big (Deloitte compte 12 000 collaborateurs en France), les petits cabinets paraissent être une population marginale. Or, selon l’observatoire des métiers de l’expertise comptable, du commissariat aux comptes et de l’audit, près de 80% des cabinets ont moins de dix salariés. L’univers des « petits » est en réalité un immense territoire composé de milliers de cabinets, tous différents les uns des autres. Ce territoire s’étend d’un cabinet de cent collaborateurs très structuré, organisé par services sur plusieurs niveaux hiérarchiques, au cabinet de moins de cinq collaborateurs s’organisant par ajustement mutuel autour d’un expert-comptable.

Plus une entité est petite, plus son organisation et sa culture reposent sur des individus clés qui sont l’âme de leur cabinet et qui le rendent unique. Par opposition, les grands réseaux sont structurés sur la base de standards relativement semblables. L’image du petit cabinet comme une organisation archaïque où les collaborateurs consacrent leurs journées à remplir des formulaires Cerfa est une croix portée bien injustement par la profession. Aujourd’hui, quasiment tous les cabinets sont digitalisés, parfois à des degrés très élevés, et certains font le choix de ne pas réaliser de missions déclaratives pour se concentrer sur l’accompagnement, le conseil ou l’audit. Par le jeu naturel du marché, chaque cabinet développe une appétence principale, celle-ci pouvant être simplement l’accompagnement des TPE, un secteur d’activité particulier ou un métier précis. D’un cabinet à l’autre, les missions et la typologie de clientèle diffèrent.

Finalement, les clivages au sein des « petits » sont beaucoup plus accentués que ceux séparant les Big et parler des petits cabinets comme un corps homogène serait une erreur fondamentale. L’expert-comptable est un entrepreneur libéral par essence, il est un chef d’entreprise et un leader qui va insuffler sa personnalité, sa culture et sa stratégie auprès de son équipe. Ce phénomène est accru par la proximité entre l’expert-comptable et ses collaborateurs. C’est cette diversité qui crée l’intérêt de la profession pour un collaborateur qui trouvera au sein de ce large spectre le cabinet correspondant le mieux à sa personnalité, ses attentes, ses compétences et ses ambitions.

 

Le petit cabinet permet une approche globale des clients

Un autre préjugé collant à la peau des petits cabinets est qu’ils offrent des missions peu intéressantes. Ce préjugé est lié au fait que leurs clients sont de taille comparable, donc des TPE/PME, et que dans la majorité des cas, ces entreprises ont des problématiques moins originales ou moins pointues techniquement que les grandes sociétés du CAC 40. Mais au fond, le débat n’est pas là. En réalité, tout est question de positionnement du collaborateur dans la mission : préférez-vous manger une lichette de crème d’un immense gâteau ou un éclair au chocolat tout entier ?

Travailler en Big, c’est accepter d’être un rouage parmi d’autres dans une mission tellement volumineuse qu’elle dépasse les capacités d’un individu seul. Dans les faits, le collaborateur débutant de Big est cantonné dans un cycle donné et répète inlassablement des tâches ingrates. Certes, la mission dans son ensemble est plus prestigieuse que celle réalisée auprès d’une TPE, mais le jeu des délégations et l’effet de taille conduit à neutraliser tout intérêt pour le collaborateur qui devient un faiseur de synthèses pour des signataires avec lesquels il n’a pas de contact direct.

Travailler en petit cabinet, c’est choisir de toucher à tous les aspects d’un dossier pour avoir une approche globale de la mission et en saisir tous les enjeux comptables, fiscaux, sociaux, juridiques, patrimoniaux ou encore financiers. La mission d’expertise comptable traditionnelle auprès de TPE (tenue, révision, paie) génère une attractivité moindre que des missions de spécialistes (audit, évaluation, IFRS), notamment à cause de la saisie qui fait office de repoussoir. Or, cette tache à faible valeur ajoutée s’est fortement marginalisée du fait de l’automatisation, de son externalisation ou encore de sa délégation en interne. Il est désormais rare qu’un cabinet attende de son collaborateur de consacrer la majeure partie de son temps de travail à saisir des relevés bancaires ou des factures tant le besoin en accompagnement des clients est devenu prioritaire.

En travaillant auprès de TPE, le collaborateur se positionne comme le principal interlocuteur de dirigeants-propriétaires sur des problématiques professionnelles très diverses. La mission traditionnelle est en réalité un prétexte, un socle fertile pour développer des missions annexes et exceptionnelles. Le collaborateur développe ainsi une grande compétence relationnelle auprès de dirigeants-propriétaires de TPE, dans un environnement intellectuellement beaucoup plus diversifié que celui de managers-salariés de grands groupes.

En dernier lieu, certains « petits » ont une stratégie de spécialisation dans des domaines d’expertise très précis et acquièrent une réputation aussi forte que les Big. Il est d’ailleurs fréquent que d’autres cabinets, y compris les Big, fassent appel à eux en sous-traitance/consulting pour les accompagner sur des aspects techniques de leurs missions. Il n’est ainsi pas indispensable d’aller en Big pour travailler sur de la consolidation, de l’évaluation, des normes IFRS ou encore des filiales étrangères.

 

L’agilité du petit cabinet offre des perspectives flexibles et une progression rapide

Le petit cabinet se distingue par son agilité et sa capacité à se mettre rapidement en phase avec ses clients. En contact direct avec l’expert-comptable et ses clients, le collaborateur est en prise sur l’ensemble des sujets touchant à son portefeuille : opérations exceptionnelles, arbitrages, projets.

Il est souvent considéré qu’un petit cabinet offre peu de perspectives d’évolution, du fait que les voies sont moins nombreuses. Toutefois, la liberté laissé à un collaborateur dans la gestion de ses clients est telle qu’elle lui permet de développer son portefeuille et des nouvelles missions en adéquation avec ses appétences et compétences. Le collaborateur peut également être force de proposition en matière d’innovation, d’organisation et de choix dans les outils du cabinet.

Le collaborateur n’est plus seulement un exécutant du projet d’entreprise, il devient un influenceur de ce projet. Ce cadre flexible et ouvert aux interactions entre matières permet une réelle et rapide montée en compétences techniques et relationnelles. Un collaborateur n’aura pas à attendre le poids des années pour monter en rang dans un cabinet qui ne souffre pas de la même lourdeur et des mêmes rouages politiques qu’un Big.

Dans les petits cabinets, rien n’est acquis d’avance, il ne suffit pas d’enchainer les années pour monter en rémunération et en poste. A l’inverse, rien ne limite ou ne freine la progression. S’il est possible de devenir manager en Big à 24 ans, il est possible de devenir directeur de pôle d’un petit cabinet au même âge.

 

Le petit cabinet propose une politique RH de proximité

Là encore, deux visions s’opposent. Dans les grandes structures, les grilles de rémunération sont assimilées à la justice sociale, le plan de carrière est une assurance de voir son mérite récompensé. Si ces garde-fous sont mis en place, c’est bien parce que les failles existent. Chez les petits, nul besoin de grille ou de plan prédéfini, tout simplement parce qu’ils ne sont pas nécessaires dans un contexte où l’expert-comptable travaille frontalement avec ses collaborateurs. Sa perception de valeur n’est pas altérée par les rouages politiques et les remontées d’informations.

L’évolution salariale se discute en direct avec le dirigeant du cabinet. Dans le contexte favorable aux salariés, l’expert-comptable a intérêt à être juste avec ses collaborateurs pour ne pas perdre ses talents. En matière d’attractivité, les petits cabinets font de plus en plus d’efforts pour offrir un cadre de travail moderne et adapté aux nouvelles générations : avantages complémentaires, horaires souples, organisation de journées d’entreprise, télétravail … Sur ce plan, les petits cabinets ont rattrapé leur retard sur les grandes firmes.

Il faut retenir que le collaborateur en petit cabinet est baigné dans le plus pur monde de la profession libérale : il construit son poste, sa rémunération, et ne subit que peu de contraintes bureaucratiques. Les grilles et autres plans sont vendus comme des sécurités mais, en plus d’être une négation de l’exercice libéral, ils constituent en réalité des barrières à la progression et un frein aux ambitions des plus précoces.

 

Le petit cabinet est une voie idéale pour lancer sa carrière d’expert-comptable

Pour les jeunes qui sont sur la voie du diplôme d’expertise comptable et du stage, le choix d’un petit cabinet offre également de nombreux atouts. La transmission des petits cabinets trouve fréquemment à se pratiquer en interne, les confrères étant attachés à la continuité de leur cabinet et de sa culture. La cession à un confrère externe intervient généralement dans le cas où aucun collaborateur en interne n’a le diplôme, ce qui serait de toute façon un élément rédhibitoire pour un acquéreur extérieur compte-tenu du fort intuitu personae existant entre les collaborateurs et les clients.

En débutant votre stage dans un petit cabinet, vous aurez potentiellement des propositions d’association et/ou de reprise du cabinet une fois le DEC en poche. Dans un petit cabinet, le collaborateur prend une importance telle qu’il devient une valeur du cabinet à part entière. L’une des craintes récurrentes relatives à l’exercice du stage dans une petite structure est celle des heures (200) de commissariat aux comptes à réaliser. En effet, nombre de petits cabinets ne sont pas inscrits sur la liste des commissaires aux comptes ou ne disposent pas de suffisamment de mandats pour la réalisation de ce quota d’heures. Toutefois, la possibilité de désigner un co-maitre de stage est une solution très courante et la plupart des cabinets comptables ont des confrères commissaires aux comptes disposés à soutenir leurs stagiaires.

L’attractivité de la profession repose sur le fait qu’elle est une profession libérale où le diplôme offre la possibilité de s’installer, d’être à son compte et d’être chef d’entreprise. Cette ambition de devenir dirigeant trouve plus facilement satisfaction dans le cadre d’une structure limitée à quelques associés. Dans les grands réseaux où les associés se comptent par centaines, la plupart ne seront finalement jamais des décideurs.

Pour ceux qui sont attirés par l’univers libéral des petits cabinets mais qui craignent de finir seuls dans une petite structure, la profession propose aujourd’hui de nombreuses solutions contrant ce risque d’isolement. Ainsi, les syndicats professionnels et les instances proposent des offres de formations et de réunions très enrichissantes. Il existe également plusieurs réseaux de cabinets avec des degrés d’intégration divers permettant de bénéficier de certains services supports tout en gardant son indépendance.

 

Le petit cabinet valorise aussi le CV

L’argument de « la ligne sur le CV » reste sans doute l’atout majeur des Big. Certes, avoir travaillé dans l’un des grands réseaux valorise votre expérience, tant la réputation de ces cabinets est forte. Dans les faits, les petits cabinets sont réticents à l’embauche des collaborateurs venant des grands réseaux, du fait de leur expérience déphasée avec la réalité des TPE, et une telle intégration ne peut se faire qu’avec une rétrogradation salariale.

Sur le marché, les collaborateurs de petits cabinets ayant quelques années d’expérience sont chassés tout autant que les collaborateurs de Big. Tous les cabinets sont à la recherche de collaborateurs confirmés, qui jouissent aujourd’hui d’un marché du travail très favorable. Ils sont convoités par les cabinets et les PME qui cherchent ces profils enrichis pour des postes de responsable ou directeur administratif et financier. Ainsi, loin de boucher les perspectives, le petit cabinet en ouvre tout autant qu’un Big.

En synthèse, il est essentiel de bien comprendre que les perspectives ouvertes par une expérience en Big sont tout aussi limitées que celles offertes par un petit cabinet. Un collaborateur de Big sera très employable dans des grandes entreprises ou d’autres Big, mais il se ferme le milieu des PME. L’inverse est sans doute vrai, et c’est pourquoi le collaborateur doit choisir un cabinet dans le cadre d’une réflexion globale sur son projet de vie professionnelle.

 

Conclusion

Le choix entre petit et grand cabinet est très structurant pour la carrière d’un collaborateur, y compris en matière de débouchés en dehors de l’exercice libéral. L’expérience en petit cabinet apporte une palette extrêmement riche de compétences sur le plan technique et relationnel, permettant au collaborateur d’avoir une approche globale de l’entreprise. En petit cabinet, le collaborateur apprend à parler le « Dirigeant » de PME.

Le petit cabinet souffre aujourd’hui d’une image injustement dégradée, sans doute liée à un manque de communication et une surreprésentation des cabinets faiblement digitalisés sur le marché du recrutement. Ce déficit de communication est surtout lié au fait que l’univers des « petits » est composé d’une très grande diversité de cabinets.

Face à ce constat, le conseil régional de l’Ordre des experts-comptables de Paris a lancé une brillante initiative visant à mettre en valeur l’écosystème de la profession, avec la création de BBIGGER. Sur cette plateforme, les cabinets ont la possibilité de se présenter, d’exposer leur culture d’entreprise, leurs métiers et leurs spécificités. Un rapide tour sur le site démontre l’ampleur du phénomène de diversité de la profession et offre aux collaborateurs un formidable panorama de ce qu’ils pourront trouver en rejoignant un petit cabinet.

 

 

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